L’héritage de Louis Braille continue à s’écrire. En France, Louis Braille (inventeur de l’écriture braille) est le seul seine-et-marnais enterré au Panthéon. Né le 14 janvier 1809 dans sa petite maison natale à Coupvray, l’inventeur est décédé brutalement d’une tuberculose à Paris, le 6 janvier 1852. Souvenez-vous, il y a quelques temps, nous vous emmenions dans sa maison natale au Musée Braille. A l’arrière du musée se cache un jardin des cinq sens imaginé par les services techniques de Coupvray. Une prouesse artistique et une visite bucolique à couper le souffle. Fermez les yeux et éveillez vos narines… Ici, la visite nous ouvre les portes d’un monde (presque) imaginaire.

Le jardin des cinq sens, une aventure collective. Point incontournable de la visite dédiée à l’inventeur, le jardin des cinq sens est une création ludique qui ouvre l’esprit des visiteurs. « Tout est parti d’un appel à projets qui avait été émis par la société Givaudan (une entreprise suisse de parfumerie), nous y avons répondu, nous avons gagné. A partir de là, l’entreprise nous a financé à hauteur de 70 000 euros. » Au cœur du projet, un travail collectif : les personnalités de Givaudan ont aidé à construire le jardin et le parcours dédié au génie. « Tout a été conçu, dessiné et réalisé par les services techniques de la ville. Quand je l’ai conçu, la première chose qui m’a interpellé, c’est qu’il est petit, le jardin. Il fait 450m²… Comment faire en sorte qu’il paraisse plus grand ? Le mode constructif, c’est le cheminement qui change tout. Le cheminement fait que vous traversez le jardin cinq fois. » Grâce aux plantes, les visiteurs plongent dans la peau de Louis Braille et redécouvrent leurs cinq sens : la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe et le toucher. « La visite commence par un tunnel recouvert de la végétation, ça donne un aspect ‘noir’. On perd la vue et on développe tous les sens, au bout du tunnel. L’ouïe est développée tout au long des pôles à travers : l’eau qui coule. Pourquoi l’eau ? L’eau, c’est la vie, c’est le jardin. » En vous baladant, n’hésitez pas à fermer les yeux pour vivre l’expérience entièrement.

Thierry Rousset, directeur des services techniques (Coupvray), est au micro de Crazy Radio

Le premier pôle, l’odorat. Vous êtes victime d’une allergie printanière ? Pas de panique ! La collection de géranium odorant est si puissante que vous ne pourrez pas la manquer. « Ces plantes ne sentent pas naturellement… Sous les feuilles des géraniums, il y a des poches à essences (des petites capsules). Quand vous les frottez, ça libère l’odeur. » Citronnelle, orange, cidre, rose et même eucalyptus… Les géraniums odorants éveillent nos narines pour un voyage inoubliable. « Les gens sont toujours très surpris. » Le petit coup de cœur de Thierry ? Le melianthus majora, cette fameuse plante qui sent la cacahuète !

« Que ce soit joli, c’est bien… Mais, l’intérêt, c’est de raconter quelque chose ! »

Le goût, un sens à rude épreuve. Vous avez une âme aventureuse ? Laissez-vous porter par ce jardin des cinq sens… Prenez la direction du pôle du goût ! Quelles plantes sortent du lot ? « Il y a la fameuse Stevia. Vous pouvez manger les feuilles, vous avez un goût de sucre extrêmement fort (avec une arrière note de réglisse, sucre naturel). Derrière, on a le mertensia maritima, c’est ce qu’on appelle la plante à huître. Vous mangez les feuilles et vous avez un goût d’huître dans la bouche. Aujourd’hui, les cuisiniers s’en servent beaucoup. » Une trouvaille assez surprenante… A déguster sans modération, si vous êtes un amateur d’huîtres !

Thierry Rousset, directeur des services techniques (Coupvray), est au micro de Crazy Radio

Les plantes qui surprennent au toucher ? Suivez le guide ! « On a une plante qui est absolument extraordinaire, c’est la sensitive mimosa pudica. C’est une plante qui quand on touche les feuilles, les feuilles se rétractent. Et si, on insiste, les branches se recourbent le long du tronc. C’est un système de défense. » Pour se défendre des prédateurs, la sensitive mimosa pudica peut même sortir ses épines. « Pour raconter l’histoire de Louis Braille, le choix des plantes est important. Dans le pôle du toucher, on a mis des choux rouges parce qu’au toucher, vous avez une sensation de cuir. Quand on connait l’histoire de Louis Braille, son papa était bourrelier (la personne qui travaille le cuir). Et Louis Braille, il s’est percé l’œil en utilisant les outils qui permettaient de percer le cuir. » Une histoire racontée par les plantes et les fleurs… dans un jardin merveilleusement surprenant.

Quel est le dernier des cinq sens ? La vue, pardi ! Exceptionnellement esthétiques, les fleurs et les plantes du jardin des cinq sens respirent la joie de vivre dans un festival de couleurs. « Quand j’ai conçu le jardin, ça devait être un feu d’artifice de couleurs. Pour faire ce feu d’artifice, j’ai installé une plante : le papyrus. Autour de ça, j’avais mis des plantes de pleins de couleurs différentes. Depuis deux ans, j’ai un peu changé. J’ai mis des plantes qui sont visuellement monstrueuses et disproportionnées : le papyrus monte à 3m de haut. A côté de ça, il y a des ricins (plante dangereuse et toxique). » Un éventail de plantes extravagantes à découvrir avec les yeux !

Thierry Rousset, directeur des services techniques (Coupvray), est au micro de Crazy Radio

Tomates, piments et courgettes… Aux quatre coins du jardin sont désaminés des fruits et des légumes. « On n’interdit pas de cueillir les légumes qui s’y trouvent. C’est même l’intérêt ! Le jardin, c’est le partage. » En faisant la visite du jardin, laissez-vous tenter par une tomate ! C’est l’esprit du jardin. Occasionnellement (et sur demande), Thierry Rousset fait la visite de ce jardin extraordinaire aux visiteurs, non-voyants ou valides. « Farida (directrice du musée) m’avait demandé de faire la visite à des jeunes adolescents aveugles. A la sortie du jardin, les jeunes sont venus me voir, ils m’ont embrassé et ils m’ont dit : qu’est-ce qu’il est beau ton jardin, Thierry ! On ne peut pas dire aux non-voyants qu’ils ne voient pas… Ils voient, simplement, pas de la même façon que nous. » raconte le directeur des services techniques avec une émotion palpable.

Un parcours de randonnée dédiée à l’homme d’exception. En partant du jardin des cinq sens, les visiteurs partent pour une balade d’1,4km à la découverte de son histoire. « Quand on fini le jardin, on revient sur la terrasse de Louis Braille. Ensuite, on peut décliner le parcours. En tout, ça fait une visite de deux heures. » Le circuit nous emmène jusqu’à son buste, sa tombe et l’église… avant de nous ramener au Musée Braille.

A Coupvray, le jardin des cinq sens est en accès libre. Il est niché à l’arrière de la maison natale de l’inventeur (13 rue Louis Braille). Un véritable coup de cœur ! Un conseil ? Laissez-vous porter par l’ambiance mystique du jardin !