
Le ras-le-bol face à l’inaction. C’est l’une des communes les plus inondées de Seine-et-Marne… En 2024, Condé-Sainte-Libiaire a été inondée à quatre reprises, dont une crue historique suite à la tempête Kirk. Aujourd’hui, le pont-canal qui surplombe le Grand Morin est bouché à hauteur de 40%… En décembre 2023, le SMAGE des 2 Morins a signé une convention avec les Voies Navigables de France pour encadrer son entretien. Malgré les sollicitations, la municipalité reste sans réponse. Explications.
De la colère, de la fatigue et de l’incompréhension. A Condé-Sainte-Libiaire, le maire ne compte plus le nombre de mails envoyés (restés sans réponse) ou d’appels infructueux… Le mardi 15 juillet 2025, c’est un Fabrice Marcilly particulièrement remonté que nous avons retrouvé. « La culture du risque et de la résilience sont à développer sur notre territoire. On s’aperçoit que quand on veut anticiper les choses (notamment sur ma commune), on est confronté à une inertie des autorités. C’est compliqué à gérer… Actuellement, nous avons notre pont-canal qui est bouché à hauteur de 40% (4 400m³ de boues et de sables). » Si le pont-canal avait été entretenu, les petites inondations auraient pu être maîtrisées (au moins trois sur quatre en 2024). « Cet ouvrage doit être entretenu par la VNF (Voies Navigables de France). Il y a une convention qui a été signée avec la SMAGE des 2 Morins en décembre 2023. On demande à la VNF de bien vouloir venir nettoyer ce pont pour que notre commune ne soit plus inondée à l’avenir. » Pourtant, le pont-canal n’a pas été entretenu depuis 2009… Pour preuve, les abords du pont-canal sont presque inaccessibles. La municipalité a écrit à de nombreuses reprises à la VNF pour solliciter une intervention. Des demandes qui restent sans réponse… « Une inertie totale… On se trouve complètement démunis. Le devis qui est annoncé est à six chiffres, ce n’est pas supportable pour le budget de ma commune. » En effet, les travaux sont estimés à plus de 773 000 euros.






Le SMAGE des 2 Morins et les Voies Navigables de France, deux partenaires absents. Entrée en vigueur en janvier 2024, cette convention qui lie le SMAGE des 2 Morins aux Voies Navigables de France a été découverte par Fabrice Marcilly. « Je n’étais pas au courant de cette convention… Nous n’avons pas été informés, au même titre que la ville d’Esbly. Tous les deux, nous avons des ponts-canaux qui supportent le canal de Meaux à Chalifert. Cette convention, je l’ai découverte au mois d’avril 2025. C’est une bonne chose, ça permet à notre commune d’être soutenue par le SMAGE et la VNF. » Néanmoins, le maire aurait souhaité que sa commune soit signataire de cette convention. Si l’entretien de l’ouvrage doit être porté par les Voies Navigables de France, c’est le SMAGE des 2 Morins qui a la compétence en matière de prévention des inondations. « La seule action qui a été mise en place, c’est le SMAGE des 2 Morins qui vient régulièrement enlever les embâcles qui se situent devant le pont-canal (qui sert véritablement de barrage), ça coûte extrêmement cher. On est sur un devis aux environs des 150 000 euros. » A l’heure actuelle, le pont-canal est bloqué par des branches de bois et des ordures… Un tas qui s’amasse au fur et à mesure. « En ce moment, j’ai des bouteilles de gaz qui obstruent le pont. Comment on va pouvoir les récupérer ? Je n’en sais rien. Encore une fois, on va se débrouiller par nous-mêmes. C’est compliqué d’être conscient de la situation et de ne pas pouvoir agir, j’aimerai bien que chacun puisse prendre ses responsabilités. » Aujourd’hui, la commune attend impatiemment l’action de ses deux partenaires pour protéger les biens et les personnes. « Si jamais j’avais le budget pour le faire, je l’aurais fait. J’en ai un petit peu ras-le-bol de me substituer à l’Etat. Nous, on agit à notre niveau. Il y a une frustration qui est alimentée par une inertie de tous les acteurs locaux. » En plus de la VNF et du SMAGE des 2 Morins, Fabrice Marcilly a également écrit au nouveau sous-préfet, à la Communauté d’Agglomération Coulommiers Pays de Brie et à son conseiller départemental, Thierry Cerri. « C’est le moment d’agir ! Le niveau du Morin est très bas. Si, on veut nettoyer et enlever tout le sable et toute la boue… C’est le moment de le faire ! » martèle le maire de Condé-Sainte-Libiaire.





Les images ont fait la une de tous les journaux télévisés… En octobre dernier, la tempête Kirk avait fortement frappé la Seine-et-Marne. A Condé-Sainte-Libiaire, une cellule de crise avait même été déclenchée. La solidarité sans faille des riverains avait fait le tour de l’hexagone ! « Quand on est inondé, c’est là où on voit tout le monde s’affoler… Il y a tous les journalistes qui viennent nous trouver (avec les élus de la région comme du département). C’est très bien… Mais, on a besoin d’anticiper ! Si on ne fait pas les choses en amont, il se passera toujours les mêmes choses. On est habitué mais on en a un peu marre. » Récemment élu, Fabrice Marcilly a déjà fait de nombreux investissements pour prévenir des inondations. « Je suis en train de lancer un projet d’ampleur pour ma petite commune. Nous allons mettre en place : une zone d’expansion de crue basée sur la nature. Nous allons renaturer tous les champs qui bordent le Grand Morin (pour absorber un maximum d’eau). » Le saviez-vous ? Les plantes, les arbres et les arbustes absorbent quatre fois plus d’eau que certaines infrastructures. « Il y a un schéma direct qui a été réalisé en 1995, il est stipulé que chaque commune située dans la Vallée du Grand Morin devra s’équiper de bassins de rétentions pour toute nouvelle construction. A ce jour, aucune commune n’a construit de bassin de rétention. Lorsque je suis devenu maire, il y avait trois bassins opérationnels. J’en ai ajouté quatre autres (suite aux gros orages de 2021). » Un total de sept bassins pour une commune de 1 500 habitants. « Il n’y a pas de solidarité entre les communes… En amont, il faut construire des bassins de rétention pour qu’en aval, on soit le moins inondés possible. C’est une solution pour éviter les inondations. » Des mesures concrètes qui permettraient à Condé-Sainte-Libiaire d’être moins souvent inondée.
L’entretien du pont-canal de Condé-Sainte-Libiaire est sous la responsabilité des Voies Navigables de France, dans le cadre d’une convention signée avec le SMAGE des 2 Morins. La municipalité reste toujours dans l’attente d’une réponse concrète.